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TRAVERSÉE EN CARGO DE FRANCE EN ARGENTINE
(Le Havre - Buenos Aires avec son véhicule)
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Jeudi 19 juin 2008 - C'est le grand jour !

Grimaldi - Cargo France Argentine
Grimaldi - Cargo France Argentine
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Arrivés au port, et après les formalités, nous nous dirigeons vers le quai Bougainville et vers 19 h "Repubblica Argentina" accoste (il s'écoule 3 heures entre le rendez-vous "Pilote" et l'accostage, dont 45 mn pour l'écluse François 1er, l'une des plus grandes d'Europe. Nous pouvons avoir notre cabine dès ce soir, mais il faut laisser le 4x4 à quai jusqu'à demain matin ; il n'en n'est pas question, la sécurité étant plus qu'aléatoire. Nous restons donc dormir dans le 4x4, au milieu du bruit des tracteurs, grues à containers et autres qui travaillent toute la nuit. C'est une pagaille indescriptible, qui nous rappelle la traversée de la Caspienne en 2006, entre Aktau (Kazakhstan) et Bakou (Azerbaijan).
C'est hallucinant de voir tous les véhicules hors d'âge qui sont embarqués pour être "revendus" à Dakar : des centaines de voitures, des vieux tracteurs et engins de chantier, des camions poubelle, etc … Ils auront tous une seconde vie sur le continent africain.

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Le lendemain, nous montons à bord le matin, et nous nous installons dans notre cabine, simple mais propre, avec hublot (on avait le choix, mais on ne se voyait pas pendant plus de 3 semaines en aveugle). Nous faisons connaissance des 6 autres passagers (qui ont embarqué à Hambourg et Anvers) : 2 allemands, 2 suisses, 1 belge et 1 hollandais. Puis c'est l'heure de rentrer le 4x4 dans le cargo, à un étage où il est coincé entre les 3 autres 4x4 et des "Poclain".

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14 h : on quitte le port du Havre, la prochaine escale sera Casablanca, dans deux jours ; la bonne nouvelle, c'est que le Repubblica Argentina ayant pris pas mal de retard sur sa précédente rotation, il va sauter plusieurs escales (Banjul, Conakry, Freetown), ce qui devrait nous donner une durée totale en mer d'environ 23 jours au lieu de 29. Si les repas sont très bons, les horaires sont ceux d'un hôpital : breakfast à 7h30, déjeuner à midi, dîner à 18 h. Mais bon, cela nous laissera le temps de regarder un ou plusieurs films sur notre ordinateur portable.
Après dîner, nous avons droit à une réunion "sécurité" ; un officier (philippin) nous explique en détail que faire en cas de naufrage et nous montre les tenues à enfiler (celle dite "d'hiver" nous fait ressembler au Père Noël). Puis c'est la visite des endroits stratégiques : laverie, salle de sport, salle de communication (envoi d'e-mails).

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Dès le deuxième jour, il nous faut prendre nos marques et donc avoir de saines occupations ; après le petit déjeuner, après le point avec notre GPS (qui nous permet de savoir où nous sommes et de connaître notre vitesse, en général autour de 35 km/h), ce sera salle de sport (en intérieur) et Taï Chi (sur le pont), car il est hors de question de rester plus de trois semaines sans faire d'exercice. Entre le vélo, le rameur, et le ping pong, nos muscles ont de quoi ne pas s'atrophier ! Après une bonne douche, c'est le moment de sortir nos bouquins, mais l'heure du déjeuner arrivera vite. Selon les jours, le repas est suivi ou non d'une sieste, d'un film sur nos ordinateurs portables (on a un bon stock sur notre disque dur externe), de l'étude des pays qui nous attendent en Amérique latine, du travail fastidieux du "copier coller" des centaines de points GPS sur notre logiciel de navigation, bref les journées devraient passer vite. Et puis, il y a les longues discussions avec les 6 autres passagers (parmi les passagers, Anita, une belge passionnée des voyages en cargo, qui fait la ligne pour la nième fois, sans véhicule, et qui connait presque tous les cargos de la compagnie Grimaldi) sans oublier les membres d'équipage, surtout les philippins avec qui nous sympathisons rapidement.

Grimaldi - Cargo France Argentine En effet, la compagnie Grimaldi, italienne, emploie des italiens (les officiers) et des philippins ; ces derniers sont extrêmement serviables, comme le sont généralement les asiatiques.

Quant aux repas, ils sont pris dans la salle à manger des officiers ; le commandant et les premiers officiers ont leur table, à côté de celle des sous-officiers et des trois tables des passagers.
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Le service est grand style (ce qui donne un sacré contraste avec la pagaille des étages de fret), le steward allant même jusqu'à nous servir nos oranges ou nos bananes avec deux cuillers. Et les menus sont de très bonne qualité ; certes, cargo italien oblige, nous avons droit à des pâtes midi et soir, sous toutes leurs formes, mais elles sont bien préparées. Par contre c'est la quantité qui nous effraie, nous avons droit, à chaque repas, à trois plats non pas "au choix" mais les uns à la suite des autres : pâtes (toujours en entrée), poisson, puis viande ; bon, il va falloir passer plus de temps que prévu dans la salle de sport pour éliminer les kilos superflus. Le deuxième soir, le Premier officier nous emmène sur le pont, dans la cabine de pilotage, impressionnante tour de contrôle, et nous explique pendant plus d'une heure le fonctionnement du cargo et de la navigation. Quant à la vie de l'équipage, elle est réglée sur 4 mois en mer suivis de 2 mois de repos, délicat pour la vie de famille. Et malgré tous les GPS et autres ordinateurs de bord, les officiers reportent au crayon les points sur de grandes cartes mise à jour toutes les heures ; le crayon et la gomme ont encore de beaux jours devant eux. Voilà 48 heures que nous sommes en mer, et nous réalisons le côté anachronique de notre présence à bord d'un cargo ; dans tous les sens du terme, nous n'avons "rien à faire" ici. Ce n'est pas "La croisière s'amuse", mais la vie sur un navire où, hormis les 8 passagers que nous sommes, tout le monde travaille et à la responsabilité de tonnes de fret. C'est ce qui rend cette expérience si intéressante.

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Et lorsque je posais hier la question au Premier Officier de savoir ce qu'il pensait de la présence de quelques passagers, il a eu cette réponse si juste, en posant sa main sur mon épaule, "tant que vous ne nous créez pas de problèmes, tout va bien". Je ne peux m'empêcher (Marc) de repenser à mon rêve jamais réalisé de mes 18 ans, qui était alors de me faire embaucher sur un cargo pour payer ma traversée transatlantique plutôt que de prendre l'avion. Les principales activités organisées par le Commandant et son Premier Officier tournent toutes autour du naufrage du cargo.
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Le dimanche en milieu d'après-midi, les sirènes "alerte générale" se mettent à hurler ; tous les membres d'équipage ainsi que les 8 passagers enfilent leur gilets de sauvetage, mettent leurs casques et emmènent leur combinaison de survie (celle qui nous fait ressembler au Père Noël). Nous nous retrouvons tous au point de rendez-vous, mais fort heureusement il ne s'agit que d'un "drill", un exercice de sauvetage, axé aujourd'hui sur un incendie à bord et l'abandon du bateau. Après un rapide briefing du Premier Officier, nous montons sur le pont N°9 où quelques officiers tentent alors d'éteindre le feu à la lance à incendie tandis que d'autres emmènent ce même Premier à l'infirmerie sur un brancard après qu'il eut été brûlé.
Le commandant annonce par talkie "Abandon Ship", et nous nous précipitons alors dans le canot de sauvetage, prévu pour 42 personnes, le nombre maximum de personnes à bord de ce cargo (il y a deux canots identiques, un de chaque côté, car au cas où le navire giterait trop, un seul ne pourrait être mis à l'eau). Nous avons de l'eau et des rations de survie, ainsi qu'un moteur diesel avec 200 km d'autonomie ; au-delà, on sort les rames.

Lundi 23 juin : après 2 jours et 19 heures de mer, nous arrivons en rade de Casablanca ; le commandant prend tranquillement le petit déjeuner avec nous, car nous pouvons attendre entre 1 heure et 3 jours avant d'avoir une place à quai.
Coup de chance, après 5 heures d'attente seulement, le Pilote arrive et nous entrons au port. Maintenant, nous attendons l'ordre du commandant pour aller bouger nos 4x4, qui vont gêner au déchargement. Nous en profitons pour trouver un Hot Spot Wi Fi pour envoyer une mise à jour du site.


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Ces trois premiers jours de mer nous auront permis de reprendre des forces ; en effet, bercés par le ronronnement des moteurs et la douce oscillation du navire, nous avons dormi un nombre d'heures impressionnant.
Et pendant notre escale à Casablanca, nous restons à bord, et réussissons à nous connecter, depuis notre cabine, à un hot spot wi fi non protégé, c'est beau le progrès. Casablanca, l'escale tant redoutée par les officiers de notre navire. Le port est en niveau 2 quant à la sécurité, ce qui oblige l'équipage à être très vigilant pendant les heures passées à quai, que ce soit pour le risque d'attentat ou pour les clandestins.

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Et puis, c'est le manque total d'informations des autorités portuaires qui désespère le Commandant et son Premier Officier ; d'ailleurs, au bout de 24 heures, lorsque nous demandons à ce dernier quand nous sommes supposés quitter le port, sa réponse est claire : "à Casa, il y a longtemps que je ne suppose plus". Voilà plus de 30 heures que nous sommes à quai à Casablanca, et la valse des containers bat son plein, partira-t-on cette nuit ?
En mer, le temps passe plus vite, nous voyons les kilomètres diminuer en direct live sur notre GPS ; mais au port, on a vraiment l'impression de perdre notre temps, et ce d'autant plus que même le Commandant ne sait pas quand le cargo aura fini de "travailler". Alors, nous nous occupons comme nous pouvons : lecture sur le pont, vélo, ping-pong, recherche de wi fi depuis notre cabine, films, préparation des itinéraires en Amérique du sud, sieste, et bien entendu les 3 repas, toujours aussi bons et copieux. Et on a bien fait de monter la bouilloire dans la cabine, nous nous faisons du thé deux fois par jour, çà occupe et ensuite on élimine, çà occupe encore. Hallucinant : nous avons ce soir à bord une excellente connexion Internet, digne des meilleures ADSL en France, grâce à notre amplificateur qui nous permet de capter plus facilement des hot spots Wi Fi ; et pendant près de 4 heures, nous en profitons, depuis notre cabine, avec même une longue conversation (micro et webcam) sur Skype avec nos amis Violette et également Eric, le tout avec une étonnante qualité de communication. Troisième jour à Casablanca, nous commençons à trouver le temps long.
Et à midi, au mess des officiers, nous n'osons même pas demander au Commandant ou au Premier s'ils ont une idée de l'heure ou du jour de notre départ ; d'ailleurs, ils prennent tout leur temps pour déjeuner, ce n'est pas bon signe (si le rendez-vous Pilote était en début d'après-midi, ils seraient déjà à leurs postes). A la fin du repas, le Premier nous raconte un peu où en est : il ne reste plus que 56 containers à charger, mais les autorités portuaires marocaines n'ont attribué à notre cargo que 3 dockers ; alors, après leur sieste, il y a un espoir qu'ils finissent ce soir, … et heureusement nous ne sommes pas vendredi, jour de la grande prière.
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Mercredi 25 juin, 21h30 : Repubblica Argentina quitte enfin le port de Casablanca, après une longue escale de plus de 60 heures ; nous voilà à nouveau partis pour trois jours de mer jusqu'à Dakar. Certains soirs, c'est la fête, le chef se surpasse et nous fait des repas dignes d'un 3 étoiles (cette magnifique glace meringuée était aussi bonne qu'elle était belle).
Samedi 28 juin : après pratiquement 3 jours de mer, nous arrivons à Dakar, en contournant de près l'Ile de Gorée. Le rendez-vous pilote est immédiat, ce qui nous permet un accostage rapide à quai ; et nous renouons avec les us et coutumes de l'Afrique : une douzaine de sénégalais montent sur le 9ème pont où sont stockées les centaines de voitures "usagées" qui vont avoir une deuxième vie ; et c'est, pour certaines voitures, au tournevis et au marteau qu'ils ouvrent les portières, après avoir "enlevé" une vitre latérale, sous les yeux, impuissants, de l'équipage italien (certains vont même jusqu'à nous proposer de la marijuana). Commence alors le ballet de la grue qui descend les voitures, deux par deux, et c'est parfois poussées par un tracteur ou un Fenwick qu'elles démarrent à terre ; c'est alors la ruée sur le contenu des voitures, remplies de vieux matériels (téléviseurs, fours, pièces de voitures, meubles, etc …). Ces voitures vont être dispersées entre plusieurs pays : Sénégal, Mali, Niger, Bénin, et même Cameroun. Mais nous devons reconnaitre que l'organisation est bien huilée à Dakar, et que le ballet du déchargement des voitures et des containers sera autrement plus rapide qu'à Casablanca ; arrivés à 19 h à Dakar, nous devrions quitter le port à 6 h du matin le lendemain, un record.

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Dimanche 29 juin : effectivement, le Repubblica Argentina quitte le port de Dakar à 6 h, et nous voilà partis pour 6 jours de mer, la traversée de l'Atlantique jusqu'à Rio de Janeiro, soit environ 5.000 km. Le plus surprenant au beau milieu de l'Atlantique sud, c'est que nous n'apercevons aucun autre bateau, nous sommes seuls au milieu de cette immensité (il doit en être autrement en Atlantique nord, où le trafic est sans doute plus intense). Et, en regardant sur 360° autour de nous, on réalise réellement que la terre est ronde, à moins que ce ne soit une illusion d'optique. Et depuis Dakar, nous ne voguons plus plein sud, mais sud-ouest ; du coup, le léger roulis qui jouait le rôle de berceuse s'est transformé en tangage, beaucoup moins agréable (ce n'est pas un hasard si on endort les bébés en les berçant latéralement). Cette nuit, nous essuyons une bonne tempête, force 7, le cargo bouge pas mal, mais nous réalisons à quel point ces mastodontes tiennent bien sur mer et nous évitent d'être malades ; c'est le bruit et les chocs sur l'eau qui nous empêchent de bien dormir, et ce matin nous avons quelques vertiges. Au cinquième jour de la traversée de l'Atlantique, enfin nous croisons un navire ; en effet, le GPS nous le confirme, nous sommes maintenant au large (500 km) des côtes brésiliennes, le trafic marchand va commencer à s'intensifier.
Gorée - Dakar

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Un matin, le Premier officier nous annonce une visite guidée des salles des machines ; nous passons alors plus d'une heure avec l'officier responsable des machines qui nous explique en détail le fonctionnement du cargo. C'est très impressionnant, mais nous plaignons les machinistes qui travaillent dans la chaleur et le bruit des moteurs.
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Caractéristiques du Repubblica Argentina
  • Longueur : 208 m
  • Hauteur : 35 m
  • Poids : 52.000 tonnes
  • Moteur : 8 cylindres
  • Puissance : 17.000 Kw
  • Capacité des réservoirs de fuel : 3.000 tonnes
  • Consommation : 3 tonnes de fuel, 72 tonnes par jour
  • Vitesse moyenne : 19,5 nœuds (36 km/h)
  • Consommation d'eau : 15 tonnes par jour
  • Dessalage de l'eau de mer : jusqu'à 25 tonnes par jour
  • Fret : le cargo peut transporter 3.500 véhicules + 1.350 containers
  • Passagers : 12 maximum, au-delà il faut un médecin à bord
  • Équipage : 30 personnes
  • Grimaldi - Cargo France Argentine

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    Passage de l'équateur
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    C'est dimanche, nous avons droit à un nouvel exercice de sécurité, alarme générale pour un "homme à la mer" ; l'équipage et les 8 passagers se réunissent sur le pont 9, mais nous n'avons droit qu'à la théorie, le Premier nous expliquant que nous sommes en vitesse de croisière (36 km/h), et que ce serait trop risqué de faire l'exercice grandeur nature (faire un demi-tour), tout valserait à l'intérieur du navire. Voilà 10 jours que nous sommes à bord de notre cargo, et il est surprenant de reconnaître que, bien que nous n'ayons rien à faire,les journées passent vite, rythmées par ce métronome que sont les heures de repas. Petit à petit nous prenons nos habitudes, et l'organisation de nos journées deviendrait presque routinière, seulement "perturbée" par les activités que nous offre le Premier, presque toutes ayant un rapport avec la sécurité. Nous nous rapprochons de l'équateur, la température commence à monter, le soleil brûle ; nous recherchons les zones d'ombres pour lire sur le pont. Et dans quelques jours nous nous gèlerons, ce sera l'hiver en hémisphère sud.

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    Grimaldi - Cargo France Argentine
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    Mardi 1er juillet, 11h35 : nous franchissons l'équateur, quelques matelots se poursuivent sur le pont en s'arrosant à l'aide de bouteilles d'eau ; nous voilà dans l'hémisphère sud, et en hiver. Le Commandant et le Premier Officier offrent ce soir un grand barbecue pour l'ensemble de l'équipage et les 8 passagers ; apéro, petits fours, avant un diner pantagruélique qui se termine par deux magnifiques desserts réalisés par Raffaele, notre super chef cuistot. C'est une ambiance de fête, il n'y a plus de hiérarchie, et nous apprenons ainsi à mieux connaître l'ensemble de l'équipage.
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    4 juillet, le Premier Officier est de mauvais poil ce matin, il semblerait que nous prenions du retard pour entrer dans la baie de Rio, un autre cargo (de la compagnie Grimaldi) est à quai et nous empêchera d'accoster la nuit prochaine comme prévu ; et nous en avons confirmation au GPS : la vitesse n'est plus que de 30 km/h au lieu de 36, économies de fuel oblige puisque de toutes façons on devra attendre. Mais une mauvaise nouvelle en cache une bonne : on a passé le 18ème parallèle sud, et ce matin, des dizaines de baleines sautent en mer, ce qui nous offre un fabuleux spectacle grandeur nature, dont nous pouvons d'autant mieux profiter que la vitesse de notre cargo est réduite. les 8 passagers que nous sommes passent la journée sur le pont, jumelles et appareils photos en bandoulière. Voilà 15 jours que nous sommes à bord du Repubblica Argentina, et hormis la tempête que nous avons essuyée pendant 36 heures, tout se passe à merveille ; le seul reproche que nous pourrions faire à la compagnie Grimaldi est de vouloir nous "gaver". En effet, nous avons systématiquement 3 plats à chaque repas, tous trop copieux, mais fort bons ; aux dires de l'équipage, Raffaele, le "Chef" cuistot, est le meilleur de la compagnie et il est vrai qu'il nous régale et que tous les plats sont succulents (la viande est argentine).
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    Mais nous avons hâte de retrouver notre mode alimentaire une fois arrivés à Buenos-Aires ! Rien n'est gaspillé à bord, les poissons sont super bien nourris … de nos restes ; la réglementation maritime internationale autorise en effet de jeter en mer les restes alimentaires, au-delà de 20 km des côtes.
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    Samedi 5 juillet : après 6 jours de traversée de l'Atlantique, nous entrons dans la baie de Rio au lever du jour, et nous avons ce beau spectacle du Pain de Sucre qui émerge doucement de la brume ; mais, hélas, Rio est une ville polluée et "bétonnée", ce qui fait que la baie est magique de loin mais beaucoup moins au fur et à mesure que nous en approchons. Après déjeuner, nous descendons à terre et nous offrons une visite à pied de la ville, nous permettant ainsi de "humer" l'ambiance du Brésil. Quel dommage que nous ne soyons pas autorisés à dédouaner notre véhicule ici, ce qui nous éviterait une semaine supplémentaire de Cargo jusqu'à Buenos-Aires ; il est tout de même frustrant de savoir qu'il est impossible de débarquer avec son véhicule au Brésil quand on y arrive en bateau, alors que dans 15 jours nous y rentrerons sans problème par la frontière terrestre. La nuit a été chaude à Rio ; quelques officiers et sous-officiers ont passé une bonne partie de la soirée en ville, et il y a pléthore d'yeux cernés ce matin … L'escale à Rio dure trop longtemps à notre goût, et nous essayons de résoudre, en vain, les mystères du commerce international : notre cargo a embarqué à Hambourg des centaines de Mercédès neuves à destination de l'Argentine, cela semble logique. Mais pourquoi embarque-t-on à Rio des centaines d'autres Mercédès neuves fabriquées au Brésil … à destination de l'Allemagne ? La logique a ses raisons que la raison ignore ! Et il est également curieux que nous embarquions des dizaines de camions Scania, fabriqués au Brésil, à destination de Saint-Pétersbourg (via Hambourg).
    Dimanche 6 juillet, 14 h : nous quittons Rio, prochaine escale Santos, où nous devrions arriver dans le courant de la nuit. Effectivement, nous avons dû être à quai vers minuit, les pilotes travaillent donc la nuit. Santos, l'un des plus importants ports de commerce d'Amérique du Sud, est en fait le port de Sao-Paulo, à une cinquantaine de km à l'intérieur des terres. Cette fois-ci, ce sont des centaines de Volkswagen qui sont chargées à bord. Efficacité des dockers brésiliens, nous repartons en milieu d'après-midi pour 3 jours de mer avant notre dernière escale, Zarate, où seront déchargées les Mercédès neuves, puis ce sera enfin Buenos-Aires le lendemain.
    Le 30ème parallèle sud vient d'être franchi, le temps devient véritablement hivernal ; vent, pluie, et froid remplacent progressivement la douceur estivale de l'hémisphère nord. De plus, avec les changements d'heures annoncés au fil de la traversée, la nuit arrive vers 18 h. Jeudi 10 juillet, c'est vers 5 h du matin, que le cargo accoste à Zarate, ce port argentin à 90 km à l'intérieur des terres, sur le fleuve Parana ; c'est "le" port de déchargement des voitures neuves de Buenos-Aires : des hectares de parking le long du fleuve, et des dizaines de milliers de voitures neuves parquées.Et notre cargo restera plus de 30 heures à quai pour décharger ses 2.000 voitures neuves et charger une centaine de Mercédès Sprinter à destination de… la France.
    Samedi 12 juillet : après 12 heures pour effectuer les 90 km sur le fleuve, le Repubblica Argentina arrive au port de Buenos-Aires. Le voyage en cargo aura donc duré 23 jours, c'est long, mais instructif. Les formalités de dédouanement sont rapides, et nous pouvons ENFIN sortir notre 4x4 et démarrer notre voyage en Amérique latine.
    Grimaldi - Cargo France Argentine
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    Liste, certes subjective, de ce que nous avons aimé et de ce que nous n’avons pas aimé sur le cargo
    ~ Nous avons aimé ~
    ~ Nous n'avons pas aimé ~
    L'expérience d'une traversée de l'atlantique en cargo
    La difficulté de communiquer avec l'équipage, qui maitrise très mal l'anglais (que se passerait-il en cas d'urgence ?)
    La prise de conscience de la vie des marins
    Les horaires "maison de retraite" des repas
    La découverte de l'univers du fret
    La quantité des plats à tous les repas
    Le confort suffisant de notre cabine, avec un grand hublot
    La routine désespérante de nos journées
    La qualité des repas
    La durée de la traversée : 23 jours (et encore en général c'est 28 jours), la lassitude arrive au bout de deux semainees
    L'espace détente sur les ponts
    Le comportement de supériorité de certains officiers italiens envers les matelots philippins
    La salle de sport
    La gentillesse et la disponibilité de l'équipage, et la bonne humeur permanente des philippins
    La possibilité de descendre aux escales
    La cure de sommeil avant un voyage terrestre qui sera peut-être fatigant

    Merci pour vos messages :

    Béatrice et Jean-Noël (merci pour vos compliments), Albert Touf (promis, nous reviendrons avec plein de photos), Xavier (de la mairie, merci à toi), Jérôme Samalens (on espère que ce ne sera que 26 jours dans cette coque d'acier), Michel Parein (nous allons continuer à vous faire rêver), Michèle (Voyage Forum ?), Co (eh oui, la croisière s'ennuie), Guy (lequel ??? notre bateau est en effet une vraie tortue … de mer), Dromaland (La liberté nous sourit, et on ne pense surtout pas à vous, mais gros bisous à Valérie que l'on continue à vouvoyer pour quelques mois), premier message non signé (qui compte sur nos images et commentaires), JP et Simone (d'Annecy, merci à vous et bonne santé à tous les deux), Xavier Liehn (que le temps a passé depuis Gyé sur Seine), Dominique Madelin (promis, on ne laissera partir le 4x4 à Dakar avec les épaves, il connait déjà le pays), Ernest Geay (tout se déroule bien pour la route maritime, mais c'est bien lent).

    N'oubliez pas de signer vos messages, au début de votre texte, nous ne sommes pas devins : Mimi et Jean-Luc (Outback se porte bien dans les cales du cargo, mais a hâte d'en sortir), Danielle (nous aussi on en a marre de cette croisière carcérale), ? (rien à dire, oui, le Brésil est en vue, la croisière VIP est bientôt terminée), Jean-François Cuennet (de Suisse, on espère que le rêve deviendra réalité ; le trajet Le Havre / Buenos Aires en cargo = 3.700 Euros pour le 4x4 et nous deux en pension complète), ? (bon voyage en Irlande, et il y a moins de bateau), Alan (merci de nous suivre), Béatrice et Jean-Noël (Ok, nous allons prendre soin de nous une fois qu'on sera sur Terre).

    Petit rappel : pour ceux qui souhaitent nous envoyer un SMS à partir de leur ordinateur (et c'est gratuit pour vous comme pour nous), il suffit d'aller sur l'URL suivante : http://messaging.iridium.com et de faire un copier/coller (à la suite de l'indicatif 8816 déjà inscrit) de notre numéro de téléphone : 41439333
    Il ne reste plus qu'à taper votre texte, c'est facile, et en plus çà marche.

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